Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/89

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cherches affectées d’une parure étrangère à l’Art considéré selon les principes d’une sévère métaphysique, et comment tous ces soins, que nous appellerions puérils, se trouvent appliqués à des ouvrages qui semblent, par leur perfection, si indépendans de ces moyens de plaire, si fort au-dessus de ces secours.

C’est qu’ainsi que je l’ai déjà fait entendre, plaire à l’esprit ou à l’œil critique d’un connaisseur, ne fut point le but unique de tous ces beaux ouvrages des Grecs. Cette fin eût été trop bornée : il n’y eût pas eu là un ressort assez puissant. Tout ce qui se fait pour l’esprit ne se fait aussi que par l’esprit.

Il s’agissait au contraire chez les Grecs de parler à l’âme, d’émouvoir toutes sortes de passions, de satisfaire à tous les besoins de l’imagination, de seconder la puissance religieuse dans la génération d’une multitude d’êtres dont la croyance devait dépendre, en grande partie, de la force d’existence que l’Art pouvait leur donner. Il fallait que les sens fussent frappés de toute part dans une religion toute sensuelle ; aussi les Arts s’emparèrent-ils des plus grandes comme des plus petites sensations.

Dominés eux-mêmes par les impressions qu’ils