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DE L’IMITATION.

PARAGRAPHE XI.

Qu’il faut reconnaître dans chaque art quelque chose de fictif quant à la vérité y et quelque chose d’incomplet quant à la ressemblance.

Il est vrai que chacun des beaux-arts ne peut embrasser qu’une partie de l’universalité du grand modèle et si chacun ne peut reproduire cette portion correspondante aux moyens qui lui sont propres, que dans ce qu’on appelle image, on est forcé de reconnoitre que l’imitation accordée par la nature à chaque mode imitatif, reste nécessairement incomplète quant à la similitude, et encore fictive pour ce qui est de la vérité.

Ces deux faits, dont les conséquences sont aussi importantes que nombreuses, ne sauroient être contestés, dans tout ce qu’embrasse la région des sens physiques. Comme, par exemple, à la figure dessinée sous un point de vue, il manque sensiblement tous les autres points de vue, sous lesquels la même figure auroit pu être représentée ; il est de même tout aussi sensible pour l’esprit, que certaines qualités, certaines propriétés dépendantes de la nature spéciale soit du modèle, soit de la matière, soit des instru-