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DE LA NATURE

multitude de corps organisés, qui, se succédant avec les mêmes propriétés dans les mêmes formes, doivent par conséquent offrir souvent entre eux de grandes similitudes. Toutefois chacun sait qu’il n’y a point là d’imitation. La nature n’imite pas ; c’est elle que l’on imite.

Il en est à peu près de même, des ressemblances qui existent entre les ouvrages de ce qu’on appelle l’industrie humaine. L’homme aussi donne l’être à des objets qu’il multiplie, en les reproduisant, pour satisfaire aux besoins de la société. Mais ces objets se ressemblent, sans pour cela faire naître en nous ni l’impression ni le plaisir, qui, dans l’imitation des beaux-arts, résultent des ressemblances qu’elle donne.

Il est vrai de dire que l’idée de la similitude qui existe entre un épi et un épi, entre un fruit et un fruit du même arbre, ne nous affecte en rien. Nous ne recevons de même aucun sentiment agréable des innombrables ressemblances que l’on peut trouver entre tous les produits manufacturés des arts industriels. Chacun dira qu’il en doit être effectivement ainsi, parce que, dans le premier exemple, celui des productions naturelles, la ressemblance résulte d’une puissance organique, et que, dans le second, elle résulte d’une opération mécanique.

Sans doute. Mais cela ne suffit pas.

Pourquoi ces sortes de répétitions organiques ou