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DE L’IMITATION.

mécaniques n’éveillent-elles pas même en nous l’idée de ressemblance ou d’imitation, et sur-tout le sentiment de plaisir qui s’attache à cette idée ?

La raison en est toute simple : c’est qu’il y manque ce qui constitue la condition première de l’imitation ; je veux dire l’image.

J’avoue que ceux qui connoissent la nature du procédé répétiteur de l’objet, n’y voyant qu’un résultat mécanique, dédaignent de mettre le moindre prix à une conformité qui n’a pour eux aucun mérite. Mais ce jugement, c’est le savoir qui le porte. Or ici je trouve que le même jugement est porté, par le sentiment ou l’instinct de ceux-là même, qui ignorent le secret mécanique de la conformité.

C’est que l’objet ainsi conformé dit à tous ce qu’il est, et leur dit encore mieux ce qu’il n’est pas. Or, ce qu’il est, le voici : il est, moralement parlant, le même que son modèle, quoique, physiquement parlant, il soit autre. Et ce qu’il n’est pas, on le voit encore mieux : il n’est pas l’image de son modèle, il n’en est que la répétition.

Voilà pourquoi l’espèce d’imitation qu’il faut appeler répétition, ne donne aucun plaisir (de la nature de ceux qui appartiennent à l’imitation des beaux-arts). En effet, le plaisir que produit la vue des œuvres de l’imitation, procède de l’action de comparer. Il est certain que l’œil et l’esprit, dont l’opération est ici la même, veulent juger, veulent com