Page:Quatremère de Quincy - Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Chalgrin, architecte.djvu/8

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1769, et qui fut terminé en 1784. Enfin on vit un portique de colonnes doriques Couronnes d’un fronton, remplacer ces insipides portails en placard, et à plusieurs ordres l’un sur l’autre, dont le moindre défaut est d’indiquer plusieurs étages, dans un édifice qui n’en comporte aucun. L’intérieur, au lieu d’arcades et de pieds-droits, présente deux files de colonnes ioniques, qui forment deux bas côtés et une nef terminée par une abside ou rond-point, au centre duquel est placé le maître-autel, comme autrefois le tribunal dans la basilique. M. Chalgrin avait conçu son monument sur une plus grande échelle. Il fut obligé de la réduire ; et sans doute l’édifice, diminué de dimension, a dû perdre une partie de sa beauté, de celle qui en architecture (comme nous le redirons encore) dépend plus qu’on ne pense de la grandeur linéaire. Mais telle est la propriété de l’architecture grecque, que, reposant sur un systême de proportions, elle peut, comme l’imitation du corps humain, nous donner, même en petit, le plaisir d’une autre grandeur dont l’harmonie est le principe générateur, dont l’unité est le terme, et dont l’esprit est le juge. On est frappé de cette sorte de grandeur en entrant dans Saint-Philippe du Boule ; et l’on ne peut s’empêcher encore d’y remarquer à l’extérieur, cette belle et solide manière de construire, qui est aussi une des bases du plaisir que fait éprouver l’architecture. La construction est à l’architecture ce que le corps est à l’esprit : c’est dire assez que les deux parties n’en doivent faire qu’une ; et, si on les sépare dans l’exécution, laquelle des deux doit obéir, et laquelle doit commander à l’autre.

M. Chalgrin devait couronner l’intérieur de son temple par une volute en pierre. Le manque de fonds l’obligea de couvrir ses nefs en charpente, et d’établir en menuiserie les compartimens de ses caissons. Nous ne mettons pas en doute l’avantage d’une voûte en pierre sur une couverture en bois ; toutefois beaucoup d’exemples antiques et modernes peuvent donner lieu de demander si, pour les couvertures des nefs en colonnes, le