Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/292

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Ainsi Villard de Honnecourt nous donne là un pilier toral, un pilier d’entre deux chapelles derrières le chœur, un pilier des bas côtés et un de la grande nef. Il avertit qu’il a eu soin d’indiquer les liaisons des uns et des autres.

Pilier toral ne désigne pas seulement les piliers construits sous les tours, mais encore ceux qui soutiennent la croisée à l’intersection de la grande nef et des transepts. Cela est prouvé par un exemple du glossaire de Du Cange au mot Arcus (arcus toralis), et aussi par le dessin de Villard de Honnecourt qui, étant amorcé de dix-huit saillies, ne convient qu’à un pilier central.

Profils de divers membres d’architecture, avec des renvois à quelques parties correspondantes des élévations dessinées sur le feuillet précédent :Vesci les molldes des chapieles de cele pagne la devant, des formes et des verieres, des ogives et des doubliaus et des sorvols par deseure. « Voici les patrons pour les chapelles figurées sur la page précédente (ci-dessus, p. 276 et 277), tant ceux des formes et verrières, que ceux des ogives et des doubleaux et ceux….. »

Il est fâcheux que les dénominations contenues dans cette légende soient données à part des objets qu’elles concernent et avec un système de renvois trop incomplet pour faire le rapprochement. Cela est cause que le mot survol (survoûte) ne peut pas être expliqué d’une manière certaine ; car bien que la présence de profils de corniches appelle une dénomination, bien que le mot survol convienne assez à la corniche qui surmonte toujours des voussures d’arcade ou de fenêtre ; enfin bien que le mot corniche soit chez nous d’un usage peu ancien :toutefois avant d’arrêter que son équivalent au XIIIe siècle était survol, il est besoin d’avoir quelques autorités de plus.

Les autres termes de la légende sont connus, soit que leur acceptation ait été établie déjà dans cette notice, soit que l’usage nous les ait conservés. Forme, ainsi que nous l’avons dit, est l’encadrement des fenêtres ; verrières s’applique aux membres plus délicats placés dans l’intérieur de la forme pour contenir les vitraux :des profils de meneaux figurés d’une manière très reconnaissable se trouvent englobés sous cette vague dénomination. Les doubleaux sont les arcs de voûte disposés dans le sens du vaisseau. Quant aux ogives, nous en aurions ici l’indice si le fait n’était pas établi d’ailleurs, ce sont les nervures diagonales des voûtes.

Il serait temps que l’archéologie revînt à cette acceptation du mot ogive, la seule qu’il ait eue, et au moyen âge, et dans les temps modernes