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DU MANGEUR D’OPIUM

par l’expectative qu’en se passant d’une aide étrangère. Il fut donc décidé que l’insurrection commencerait le 23 mai, et par des attaques simultanées sur les différents postes militaires des environs de Dublin, afin de désorienter le gouvernement. Ce projet fut découvert, mais juste assez à temps pour prévenir les effets d’une surprise. Le 21, à une heure avancée de la nuit, la conspiration avait été annoncée par le secrétaire du Lord lieutenant au Lord Maire, et le lendemain elle le fut aux deux Chambres du Parlement par un message de son Excellence.

L’insurrection commença néanmoins au jour fixé. Des engagements eurent lieu en grand nombre et sur bien des points, mais on général, les résultats en furent défavorables aux insurgés. Conformément au plan concerté toutes les diligences avaient été arrêtées. Leur non-arrivée devait être partout interprétée comme un signal que la guerre avait commencé. Néanmoins les provinces les plus éloignées n’avaient pas répondu à cet appel. La communication entre la capitale et l’intérieur, complètement interrompue tout d’abord, avait été ensuite rétablie entièrement, et quelques jours suffirent à détruire, du moins on le supposait, la force principale de l’insurrection, sans grande effusion de sang.

À ce moment même quand tout le monde était disposé à croire que tout était redevenu tranquille, l’incendie éclata avec une fureur dix fois plus grande dans une partie du pays de laquelle le gouvernement avait, non sans quelque raison, détourné ses inquiétudes et ses préparatifs. C’était le comté de Wexford, que le comte de Mountnorris avait décrit au gouvernement comme animé de dispositions si pacifiques et si favorables à la