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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

qui lui avaient été donnés par le général Lake, dans le but secret, à ce que beaucoup croient, de faire échouer par humanité son propre plan, qui eût abouti à une vaste boucherie. C’est ce qui est resté obscur jusqu’à présent.

Quelle qu’ait été la cause de ce retard, il eut un effet qui, cette fois, devait mériter l’approbation générale. L’action avait commencé à sept heures du matin : à huit heures et demie, toute l’armée rebelle était en fuite, et naturellement elle se sauva du seul côté qui ne fût pas gardé, elle s’échappa sans avoir été trop cruellement décimée, mais en abandonnant toute son artillerie et beaucoup de butin d’une certaine valeur, et elle passa par ce qu’on a toujours appelé plus tard, d’une manière facétieuse, le défilé de Needham. Néanmoins un corps nombreux des rebelles les plus courageux et les plus résolus, continua pendant quelque temps à exécuter des marches rapides dans toutes les directions, d’après les positions de l’armée royale, et en profitant pour sa défense, des accidents de terrain. Une ou deux fois, ils furent amenés à combattre par Sir James Duff, et Sir Charles Asgill, mais, chose assez plaisante, ils réussirent encore à s’échapper, grâce aux éternels retards du late general Needham.

À la fin, pourtant, après bien des escarmouches, et bien des alternatives des plus variées, ils se dispersèrent dans une région marécageuse du comté de Dublin. Néanmoins un grand nombre de gens décidés à tout établirent pendant longtemps leur quartier général dans les maquis de Killaughrim, près d’Enniscorthy, où ils se livrèrent à la profession de maraudeurs, en se donnant le plaisant surnom de Bambins de la forêt. Un