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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

du public, de telle sorte que la grande source nationale soit non pas une citerne stagnante, mais un réservoir d’où parte (pour employer une métaphore romaine) une incessante dérivation nourrissant un réseau d’irrigation nationale.

Ce sont là les deux grandes fonctions, les objets de toute corporation collégiale : l’une doit être de satisfaire les exigences légitimes de chaque génération distincte, dans les droits distincts qu’elle possède sur l’héritage de connaissances légué par ses prédécesseurs, et de convertir un simple usufruit accidentel, en une possession léguée par testament, de transformer un simple et passager άγωνίσμα[1], en un χτήμα είς ύεί[2], l’autre est d’assurer à cette dotation éternelle, une distribution aussi large que possible.

La première fonction est relative à la dimension en longueur dans la succession infinie des siècles, à travers lesquels elle propage ses bienfaits ; l’autre est relative à la dimension en largeur, en ce qu’elle étend sur la surface la plus étendue possible d’une seule génération la répartition de ces bienfaits publics.

Ce sont là de grandes fonctions, de vastes objets, mais ni l’un ni l’autre n’exigent des édifices de pierre ou de marbre, ni l’un ni l’autre ne présupposent l’existence d’aucune construction humaine. La corporation en forme de collège, l’église militante de la science, dans la lutte éternelle avec les ténèbres et l’erreur, est à ce point de vue semblable à l’église du Christ. En d’autres termes, elle est toujours, elle est, par essence, invisible à l’œil de la chair. Les colonnes de celle église sont les

  1. Récompense honorifique.
  2. Possession éternelle.