Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/293

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solument indispensable à tout système d’éducation qui prétend à quelque respect, et qui, néanmoins, est irréalisable, même sur une petite échelle, pour toute autre université européenne. Ils sont destinés au logement particulier et à la vie en commun des étudiants dans l’intérieur limité par les portes et les murs du collège dont la discipline leur est imposée. Partout ailleurs, les jeunes gens vivent il leur plait, et comme il leur plaît, ils sont mêlés aux habitants de la ville. En aucun cas ils ne sont soumis à un contrôle, à une surveillance, et partout où l’université ne forme qu’une faible fraction d’une vaste capitale, comme à Paris, à Edimbourg, à Madrid, à Vienne, à Berlin, à Saint-Pétersbourg, ils sont exposés à la tentation matérielle sous toutes les formes possibles, aux distractions qui assaillent l’âme humaine dans les réunions d’hommes où fermente le vice, où s’étale le luxe. Dans ce cas-là, c’est donc se moquer que de parler de discipline : une chose qui n’existe pas ne saurait avoir d’attributs, et nous n’avons point à demander qu’on nous décrive la discipline dans des situations où l’existence d’une discipline est impossible. J’ai entendu parler d’une légère anomalie qui altérerait d’autant les traits uniformes de ce tableau. J’ai entendu dire qu’à Glasgow il existait une habitude, par suite de laquelle les jeunes Académiciens sont placés dans la famille d’un professeur. Là, comme membres d’une famille particulière, qui est sous les yeux attentifs d’un savant consciencieux, paternel et judicieux, il est hors de doute qu’ils seraient aussi complètement à l’abri du danger, et de la contagion mondaine que les parents peuvent le souhaiter, mais j’affirme qu’ils ne le seraient pas plus qu’à Oxford sous l’influence