Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/53

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avait été fait prisonnier, et il faut savoir cela pour bien comprendre la joie que causa son retour inattendu.

Ce retour n’avait point été précédé et n’avait pu en aucune façon être précédé d’un bruit, car sa mère se trouvant à Bath, il avait pris ses dispositions pour trouver dès qu’il aurait mis le pied sur la côte anglaise, une chaise de poste qui le conduirait à Bath. Il faisait déjà sombre quand il arriva. Les postillons eurent l’ordre de se diriger vers la place où sa mère habitait. Quelques minutes après, elle le recevait dans ses bras, et vingt minutes de plus suffirent pour porter la nouvelle jusqu’au faubourg le plus éloigné de la cité. L’agitation qui se produisit alors à Bath ne saurait se décrire. Toutes les troupes de ligne en garnison dans cette ville, tout un régiment de volontaires se miront aussitôt sous les armes et marchèrent vers le quartier qu’habitait Sir Sidney Smith. La petite place fut bientôt encombrée de soldats. Sir Sidney sortit et se perdit bientôt dans les rangs des troupes qui se formaient sur lui pendant que nous le regardions. Le lendemain matin, moi, mon jeune frère, et un camarade d’école de mon âge, nous fîmes une visite en règle au héros de la mer. Je ne sais comment cela se fit, mais nous fûmes reçus sans difficulté et je me souviens, comme d’un trait de bonté chez Sir Smith, qu’il nous accueillit d’un air fort aimable, et ensuite exprima l’intérêt qu’il portait à l’école, à laquelle il avait lui-même appartenu. Il était alors élancé, mince ; il avait un air d’épuisement et de maigreur comme s’il avait subi des privations, de mauvais traitements, ce que néanmoins je n’ai point entendu dire. En tout cas son aspect, ainsi