Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/175

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De mon chant j’ai perdu la trace,
Et ma stance en ma nuit s’efface.
Mon chant se tait, mon pas se perd ;
Éclairez-moi dans mon désert.
Quelle heure est-il ? Ah ! Sur la grève
Une étoile des nuits se lève.
Les rêves sont évanouis,
Et tous les cieux sont éblouis.
Voyez ! La voilà qui rayonne
Comme le nœud d’une couronne,
Comme un éperon dans la nuit
Au pied d’un empereur reluit !
Elle a lui plus loin que l’abîme,
Sur le flot chancelant des mers,
Plus haut que les monts et leur cime,
Sur l’arbre effeuillé des déserts ;
Puis sur l’herbe de sang trempée,
Sur un soldat, sur son épée,
Sur un enfant élu des cieux,
Au large front, aux longs cheveux.
—C’est moi qui serai ton étoile ;
Quand l’aube viendra, sous mon voile,
Je ne veux luire que pour toi.
Enfant, ressouviens-toi de moi.
Mieux que les branches des vieux saules
J’aime à toucher de mon doigt d’or
Tes longs cheveux sur tes épaules,
Où la brise passe et s’endort.