Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/309

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Donne-lui sans mesure une nouvelle vie.
De son peuple ouvre enfin la paupière assoupie ;
Et de son Golgotha ramène en tes vallons
        Le porte-croix des nations.
Surtout ne souffre pas que son cœur se partage,
Ni que sa lèvre impie, à ton amer breuvage,
Ajoute le venin des petits des serpents ;
Le mensonge, la peur, ni les désirs rampants,
Ni des lâches discours la coupe corrompue,
        Où tout état boit la ciguë.
Enfin, nous te prions à cette heure, seigneur,
Pour tous ceux qui naguère ont combattu sans peur.
Donne-leur, chaque jour, le pain de leur vieillesse,
Et nourris-les encor d’un reste d’allégresse.
Bénis leurs toits de chaume et leurs seuils triomphants
        Et les berceaux de leurs enfants !



XLVIII. SAINTE-HÉLÈNE

 
Ah ! Chanteur, arrêtez ! Je pleure ; et votre chant
Me frappe sans repos, comme un glaive tranchant.
Un mot, un nom, un rien fait saigner ma blessure ;
Et mon casque rouillé sous le chaume murmure.
Pendant que vous parlez, mon cheval hennissant
M’appelle dans l’étable et dit : je veux du sang !
Le jour est triste et long ; la nuit plus longue encore.
Tout est-il donc fini ? Jamais, avant l’aurore,