L’Océan, Le Serpent, Léviathan, L’Oiseau Vinateyna, Le Poisson Macar.
L’Océan.
Grâces, seigneur, assez de flots amoncelés ; votre
urne est pleine, elle déborde goutte à goutte
en sortant de la source. L’abreuvoir est
rempli ; quand viendront boire les troupeaux ?
Votre souffle m’épuise ; vous flagellez mes
flancs, vous déchirez ma croupe ; je ne puis
courir plus vite, ni lécher, de mes vagues,
le ciel qui s’enfuit, ni bondir plus de fois
sous l’aiguillon de votre fouet. Je ne puis
mieux creuser l’abîme de mes pieds ruisselants,
ni secouer plus loin ma crinière d’écume, ni
mieux rouler en tourbillons mon poitrail
et mes flancs. Seigneur, où allons-nous ?
Depuis longtemps je pousse et j’entasse mes
flots sans arriver jamais ; toujours n’entendrai-je
que hennir mes vagues ; toujours ne verrai-je
que moi dans mon immensité ? Hier quand un
rayon de la lune en naissant vint raser par
hasard la cime de mes flots, ce me fut