Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/78

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granit, conservez à tout jamais la langue et l’histoire des géants. Courbons, roulons la voûte des cavernes aussi bien qu’une natte dans nos mains. L’arbre géant de l’univers frémit déjà à l’haleine du matin. Sous son ombre, le puits des temps passés se creuse ; l’éternité s’est ridée sur ses bords. Nos siècles de vie vont commencer plus touffus que son feuillage ; notre empire sera plus dur que l’écorce de son tronc, plus grand que son ombre le soir, plus fort que la serre du vautour qui y a bâti son nid. Voyez déjà notre Dieu qui se lève de son siége ; il a pour crâne le firmament, il a pour chevelure les lianes des bois ; pour ceinturon, il a l’océan noué autour de ses reins ; pour glaive, il a la lumière dont chaque étincelle est une étoile.



Une Géante.

Malédiction ! C’est sur nous qu’il l’a levée.

(L’île s’engloutit.)



Le Père éternel, à l’océan.

Comme un mot mal écrit dans mon livre, va effacer la terre.



L’Océan.

J’y cours. à la cime du monde, il ne reste plus déjà que la tour d’un roi où il fait son banquet dans des plats de vermeil. Mon déluge entrera, avant une heure, dans la salle.




Le Roi, à table, au milieu de ses princes. Le déluge, comme un lac, noie les lieux bas, il remplit l’auge des esclaves. Que l’océan gronde, s’il veut, il ne viendra pas jusqu’ici ; mes gardes l’arrêteront à l’endroit de mon royaume.



Premier Satrape.