Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de nos lèvres royales, rien qu’un sourire ; sifflons sur sa ruine.

Océan, mer lointaine, as-tu bien compté d’avance les marches de ma tour ? Il y en a plus de cent de marbre et d’airain. Prends garde, pauvre enfant en colère, que ton pied ne glisse sur mes dalles et que ta salive ne mouille ma rampe.

Avant d’avoir monté la moitié de mes degrés, honteuse, haletante, te voilant de ton écume, tu rentreras chez toi en pensant : je suis lasse.

Dans les cavernes, dans les antres, dans les grottes où tu passes tremblant, le lion rencontre sa proie tremblante ; le serpent se cache sous le pied de la femme, et des villes de géants attendent, muettes, un pied dans ta fange, que l’autre s’y noie aussi jusqu’aux genoux.

L’épervier, l’aigle de mer fuient devant toi ; le pied traînant, ils grimpent sur leur roc pour abriter, contre toi, leur couvée sous leur poitrail ; du bec, de l’aile, et de leur oeil de flamme, hérissés, ils font peur à ton flot.

Poursuis l’épervier et l’aigle de mer, si tu veux prendre, dans l’œuf, leurs petits coiffés de duvet.

Ici, dans mon aire impériale, ce ne sont rien que couvées de rois coiffés de rubis ; montés au plus haut de leur gloire, comment ta vague sur ta vague monterait-elle jamais si haut ? De notre festin, nous te jetterons une miette ; va, passe ton chemin.



Premier Satrape.

On frappe à la porte.



Le Roi.

Secourez-moi.



Second Satrape.