Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/89

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des fleuves, toucher la neige plus blanche qu’une mitre, apprendre la chanson des avatars.



La Péri.

Que de villes tu feras naître à ton caprice, pour t’y reposer à l’aise ! Babylone se penchera derrière toi comme une lionne altérée qui n’a point trouvé de source dans la journée. Des bords de l’Euphrate, Bactres s’enfuira sur la montagne, comme une licorne dans son rocher. As-tu vu monter les roseaux dans les marais ? Les colonnes de marbre monteront comme eux dans les marais de Persépolis. As-tu vu les couleurs de l’arc en ciel au soleil levant ? Ecbatane en dorera ses murs pour que tu les puisses compter en passant par ses portes. Les lions de granit de Persépolis battront de leurs ailes à ta rencontre. Des dieux, comme toi nés d’hier, te salueront sur le chemin ; de jeunes péris de la Chaldée liront ton horoscope dans des étoiles de ton âge. Dans tes songes, n’y a-t-il pas déjà des fantômes couronnés de mitres, des rois suspendus à ton nom comme ce collier de perles est suspendu à ton cou, des siècles et des villes parfumées qui étendent dans l’avenir leurs tapis sous tes pieds, et des oiseaux aux plumes d’argent qui te saluent sous les palmiers, quand tu passes ?



L’Enfant.

Tu m’emportes trop vite ; je ne vois que les têtes des arbres que le vent balance, que l’eau des lacs qui reluit, que les petits oiseaux qui secouent leurs nids sur les branches. Est-ce déjà là que sera Ecbatane ou Babylone ?



Troisième Tribu.

Regardez donc quelle ombre sinistre l’ibis jette sur le sable ; c’est un mauvais augure ; je voudrais que nous eussions choisi un autre guide.



Une Femme.