du désert avant
le milieu du jour, ainsi nous nous levons
aux premiers jours de l’univers pour
puiser dans nos urnes la pensée de l’éternel,
avant que sa source ne tarisse. Goutte à
goutte, elle tombe des étoiles et de la
voûte du ciel, et de chaque feuille du palmier ;
enivrons-nous de sa liqueur comme d’un vin
résineux. ô vous, peuples de l’Inde, de la
Chaldée et de l’égypte, à votre tour, prenez
et buvez la coupe de l’éternel, qu’il a
laissée remplie en sortant de son banquet.
Que tous les peuples naissants portent à leurs
lèvres, sans tarder, le vase où l’infini
fermente jusqu’aux bords. Après nous nos
sphinx, après eux nos idoles de granit et de
bronze. Si l’univers vacille à nos yeux,
s’il se partage en mille dieux divers, oiseaux
aux têtes d’hommes, serpents aux corps de
femmes, licornes couronnées, que ce soit
comme en nos festins, quand le cœur est
gorgé des vins de l’Idumée, et que chaque
convive, avec son panetier, voit les vases d’or
chanceler, se heurter, se briser dans son
esprit sur une table de porphyre. De l’Inde
jusqu’à l’Araxe, hâtons-nous ; qui sait si
le temps ne viendra pas où l’univers, après des
siècles, sera comme une fleur toute fanée,
toute hâlée, le soir d’un soleil d’Arabie,
et si les lèvres des hommes ne presseront pas
en vain la coupe où nous buvons, et qui
n’aura plus alors ni parfum ni breuvage
éternel.
Chœur de Sphinx.
par Memnon ! Qu’il fait bon se coucher tous
ensemble sous le portique de Luxor ! Pour
prendre haleine, courbons