Page:Quingey - Queteuse de frissons, 1928.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 32 —

Le soir même, sous les yeux de John, Geneviève déca­chetait le télégramme suivant :

« Arrive demain te rejoindre. Garde Chat-Percé. Teddy. »

— Il est bien temps ! dit la femme.

— Il est certes temps pour moi, ajouta John. Alors, cette nuit, ma chérie ?

— Non, John !

Puis elle eut honte de son ingratitude et pitié du pauvre garçon :

— À minuit, mon bon John, chez vous. Vous êtes content ? Une petite bise !

Et elle s’en fut annoncer la nouvelle au jeune attaché qui l’attendait ce soir-là comme de coutume.

À la vérité, notre bel amant était rassasié de cette petite maîtresse qu’il appelait pour ses amis « mon alliance » oui… mon « alliance France-Amérique ». Elle était insi­gnifiante. Ses transports se renouvelaient avec un syn­chronisme lassant. Et aussi, elle coûtait assez cher, en dîners, théâtres, etc.

Rien à en attendre pour l’avenir. Alors qu’une femme de député influent était en vue. Par là c’était en sachant manœuvrer, une préfecture à bref délai. Et pas de scènes de jalousie de la femme légitime intéressée à l’avance­ment de son mari.

Il accueillit avec une joie dissimulée la nouvelle du retour de l’époux volage. Et, après une demi-heure d’amour, les deux amants se quittèrent « pour l’éternité », pensait chacun, « jusqu’à la prochaine occasion de se revoir sans danger » dirent-ils. Mais l’avenir n’est à personne.