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préface.

nius joignit à son Traité des origines gauloises les proverbes de l’ancienne langue britannique. Ceux de l’espagnol furent recueillis par Hernand Nunez, surnommé par ses compatriotes el commentador Griego. Les proverbes qui avaient cours en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre, eurent également leurs compilateurs, et Grutère ne les jugea pas indignes d’être réunis, dans son Florilegium ethicopoliticum, aux sentences des bons auteurs grecs et latins. Depuis, tous les peuples de l’Europe ont eu des recueils du même genre ; et cela ne pouvait manquer d’arriver.

C’est qu’en effet, comme le dit fort bien Rivarol, les proverbes sont les fruits de l’expérience des peuples, et comme le bon sens de tous les siècles réduit en formule.

Cependant notre langue, à mesure qu’elle se perfectionna, à mesure qu’elle prit ses habitudes de sévérité et de précision rigoureuse, sembla dédaigner les proverbes familiers et naïvement énergiques que nos vieux auteurs aimaient tant à employer ; elle les jugea indignes d’elle, et, par une fausse délicatesse voisine de la pruderie, elle priva notre littérature d’un assez grand nombre de locutions originales, de tours vifs et piquants, d’expressions pittoresques et plaisantes.

Dans des temps comme les nôtres, où la naïveté des pensées et du langage a presque disparu pour faire place à un positif sec et dénué de couleur, la langue proverbiale ne saurait avoir autant d’importance que dans l’antiquité et dans le moyen-âge ; mais elle est encore fort curieuse à étudier. Elle résume tous les faits sociaux, car elle comprend et embrasse tout ce qui occupe l’activité des hommes en société ; elle éclaire l’histoire de la civilisation et