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BAI

que cette locution est venue de la Farce de Patelin dans laquelle le berger Agnelet, cité en justice par son maître qui l’accuse d’avoir égorgé ses moutons, fait l’imbécile, d’après le conseil de l’avocat, et ne répond que par des bée bée ou bêlements au juge qui l’interroge et à l’avocat lui-même, lorsque celui-ci lui demande son paiement. Ménage n’adopte pas cette explication, trouvant plus naturel de dériver le mot baie (tromperie) de l’italien baia, qui a la même signification.

M. Ch. Nodier observe que le mot baie est mal orthographié, et que la lettre i devrait y être remplacée par la lettre y, car il est la racine de notre ancien verbe bayer. Un homme à qui l’on donne des bayes, dit-il, est un homme sujet à s’ébahir de peu de chose.

bailler. — La bailler belle à quelqu’un.

On pense généralement que le pronom la, par lequel commence cette phrase proverbiale, représente le substantif bourde (défaite, mensonge, raillerie), qui est sous-entendu, et que le verbe bailler doit se prendre comme synonyme de donner. Mais M. Charles Nodier croit que ce verbe a usurpé la place de bayer (tromper) ; je le crois aussi, et je regarde le mot belle (voyez ce mot) comme employé adverbialement pour bel ou bellement. Un fait qui me paraît le prouver, c’est que nos anciens auteurs ont dit bailler belle, sans substantif ni pronom. Cette manière de s’exprimer se trouve dans la Farce de Patelin et dans les pièces de Luynes, où je lis (pag. 401) : C’est baille-luy belle et du tout rien ; c’est-à-dire, ce sont des promesses sans effet.

Je ne prétends pas, toutefois, qu’il faille revenir à écrire bayer belle au lieu de bailler belle. La locution la bailler belle ou la donner belle est aujourd’hui la seule admise et la seule rationnelle avec l’emploi du pronom.

bailleur. — Un bon bâilleur en fait bâiller deux.

Oscitante uno deindè oscitat et alter.

Ce proverbe, dont on se sert pour exprimer la contagion du mauvais exemple, doit être fort ancien. Socrate (apud Plat, in