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BÉN

que c’est un effet naturellement fondé sur la surprise. Nous sommes touchés de ce qu’une personne nous plaît plus qu’elle ne nous a paru d’abord devoir nous plaire, et nous sommes agréablement surpris de ce qu’elle a su vaincre des défauts que les yeux nous montrent et que le cœur ne croit plus. Voilà pourquoi les femmes laides ont très souvent des grâces et qu’il est rare que les belles en aient ; car une belle personne fait ordinairement le contraire de ce que nous avions attendu ; elle parvient à nous paraître moins aimable ; après nous avoir surpris en bien, elle nous surprend en mal ; mais l’impression du bien est ancienne, et celle du mal est nouvelle. Aussi les belles personnes font-elles rarement les grandes passions, presque toujours réservées à celles qui ont des grâces, c’est-à-dire des agréments que nous n’attendions pas et que nous n’avions pas sujet d’attendre. »

bénédicité. — Être du quatorzième bénédicité.

C’est être simple et idiot ; mauvaise allusion à ces paroles, Benedicite omnes bestiæ et pecora domino, qui forment le quatorzième verset du cantique chanté par les trois jeunes Israélites, Misach, Sydrac et Abdenago, dans la fournaise où Nabuchodonosor les avait fait jeter pour les punir d’avoir refusé de se prosterner devant sa statue qu’il avait exposée aux adorations de ses sujets, dans la campagne de Dura près de Babylone.

bénéfice. — Bénéfice à l’indigne est maléfice.

Si l’on avait, dit le comte de Maistre, des observations morales comme on a des observations météorologiques, on verrait que les envahissements de l’orgueil, les violations de la foi jurée, ou les biens mal acquis sont autant d’anathèmes dont l’accomplissement est inévitable sur les individus et sur les familles. Le prophète Jérémie (ch. xxxi, v. 29.) a exprimé la même pensée dans ces paroles passées en proverbe chez les Hébreux : Patres comederunt uvam acerbam et dentes filiorum obstrepuerunt. Les pères ont mangé le verjus, et les dents de leurs fils en ont été agacées. Saint Grégoire de Nazianze appelle le gain illicite les arrhes du malheur, dans un beau vers grec traduit ainsi en latin :

Infortunii arrha certa quæstus est malus.