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BÊT

vers de Berthe au grand pied, dont M. Paulin Paris a donné une excellente édition.

Les Provençaux disent : Au temps où Marthe filait. Ce qui place le bon vieux temps à l’origine du christianisme ; car il s’agit ici de cette Marthe qui, suivant une tradition populaire, ayant été chassée de Jérusalem et exposée sur un vaisseau sans voiles et sans avirons, avec son frère Lazare, sa sœur Marie Magdelène et quelques disciples du Sauveur, aborda miraculeusement sur les côtes de Provence, où elle prêcha la foi et sanctifia par une pénitence exemplaire, dans la grotte nommée Sainte-Baume, la fin d’une vie dont elle avait passé la première moitié au milieu des plaisirs, dans son château de Béthanie. — L’expression des Provençaux n’est pas toujours employée dans le même sens que la nôtre ; on s’en sert souvent pour rappeler un temps d’opulence, de prospérité, de vigueur, dont on a joui, pour marquer et pour regretter les honneurs passés.

Je dirai pour les lecteurs qui aiment les étymologies des noms propres, que celui de Berthe, en francique ou en théotisque, signifie brillante, splendide, et que celui de Marthe, en hébreu, signifie maîtresse.

bête. — Prendre du poil de la bête.

C’est chercher le remède dans la chose même qui a causé le mal, comme font les buveurs qui dissipent le malaise que leur a laissé l’ivresse de la veille par l’ivresse du lendemain.

Cette expression est fondée sur la croyance populaire que le poil de certains animaux, appliqué sur la morsure qu’ils ont faite, en opère la guérison. Del can che morde il pelo sana, dit le proverbe italien : Du chien qui mordit le poil guérit.

Pline rapporte (liv. xxix, ch. 5) qu’à Rome on croyait guérir ou préserver de l’hydrophobie un homme mordu par un chien, en faisant entrer dans la plaie de la cendre des poils de la queue de cet animal.

Porter sa bête dans sa figure.

Expression fondée sur l’opinion de quelques physionomistes qui enseignent qu’il existe des rapports frappants de ressem-