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BOI

remontrant que c’était mauvaise diète ainsi boire après dormir ; c’est, répondit Gargantua, la vraie vie des Pères ; car de ma nature, je dors salé. » — Les viandes salées sont appelées aiguillons de vin, parce qu’elles excitent à boire.

On dit aussi : Boire comme un sonneur, parce que celui qui sonne les cloches, en éprouve beaucoup de fatigue, et que la fatigue augmente la soif.

C’est la mer à boire.

Se dit d’une chose qui présente des difficultés extrêmes, des obstacles insurmontables.

Les monarques de l’antiquité se plaisaient, comme les bergers de Virgile, à se proposer des énigmes ou des questions difficiles, à la condition que le moins habile à les expliquer se soumettrait à payer une amende considérable. L’histoire des Hébreux nous apprend que Salomon et Hiran, roi de Tyr, mettaient leur honneur à l’emporter l’un sur l’autre en subtilité dans ces sortes de jeux d’esprit. Amasis, roi d’Égypte, avait une semblable ambition. Son rival était un roi d’Éthiopie, qui lui porta un jour le défi de boire la mer, et de ce défi, si l’on en croit Plutarque, devait dépendre la possession d’un vaste territoire. Amasis, fort embarrassé, envoya consulter en Grèce le philosophe Bias qui lui répondit : « Écrivez au prince éthiopien que vous êtes prêt à boire la mer telle qu’elle est maintenant, et que vous attendez pour commencer qu’il ait détourné tous les fleuves qui s’y rendent. »

L’auteur de la vie d’Ésope rapporte que ce fabuliste, esclave de Xantus, usa du même expédient afin de tirer d’embarras son maître qui s’était soumis à la même épreuve.

Qui fait la faute la boit.

Les anciens et nos aïeux, à leur imitation, avaient coutume, dans les jours de gala, de choisir un des convives pour faire observer les lois de la table. Celui à qui ce soin était confié se nommait symposiarque en Grèce, modimperator à Rome, et roi du festin en France. Il réglait le nombre des santés, ainsi que la manière de les porter, et il condamnait quiconque n’observait pas l’étiquette à boire quelque coup de plus, soit de vin