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BOU

bouc. — C’est le bouc émissaire.

Se dit d’une personne sur laquelle ont fait retomber toutes les fautes, à laquelle on impute tous les torts, et qu’on accuse de tous les malheurs qui arrivent.

Cette expression, tirée de l’Écriture sainte, est une allusion à la fête des expiations que les Juifs célébraient tous les ans, le dixième jour du septième mois appelé tifri, correspondant au mois de septembre. En ce jour solennel, on amenait au grand-prêtre deux boucs, sur lesquels il jetait le sort, à l’entrée du tabernacle du témoignage, afin de connaître par ce moyen celui des deux dont le sang était destiné à laver les fautes de la nation et dont la chair devait être offerte en holocauste. Aussitôt que la victime était désignée, il la consacrait par sa bénédiction, puis, étendant les mains, il confessait et déplorait à haute voix les iniquités d’Israël, en chargeait la tête de l’autre bouc, et proférait des imprécations contre cet animal réprouvé qu’il désignait sous le nom d’Azazel, qui signifie émissaire ou renvoyé. C’est ainsi que les Septante et la Vulgate ont expliqué ce terme hébreu que quelques interprètes ont regardé, par pure conjecture, comme un surnom particulier du démon, et quelques autres comme une désignation du désert où la bête maudite était menée et mise en liberté, car on ne la tuait point, de peur qu’elle ne parût immolée à l’esprit des enfers, et son conducteur était obligé de se laver le corps et les vêtements avant de rejoindre ses concitoyens.

La fête des expiations, dit M. Salvador, était une espèce d’amnistie morale, car tous les citoyens, toutes les familles devaient déposer leurs ressentiments aux pieds du Dieu qui leur en donnait un si généreux exemple.

Spencer, auteur d’un ouvrage curieux sur les lois des Hébreux, prétend que le culte rendu aux boucs en Égypte et ailleurs fut une des raisons qui engagèrent Moïse à choisir un de ces animaux pour objet de malédiction.

Quelques historiens rapportent que les magistrats de Marseille, dans l’antiquité, avaient adopté un usage pareil à celui du bouc émissaire. Ils fesaient nourrir pendant une année, de