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CAG

C

cagot.

Court de Gebelin dérive ce mot de caco-deus, rapporté par Ducange. Caco, dit-il, signifiant faux, sera devenu cagot, hypocrite ; et comme l’hypocrite a toujours le nom de Dieu à la bouche, et l’emploie à tout, il aura été surnommé, chez les peuples qui appellent Dieu God, kakle-God, caquette-Dieu, et insensiblement cak-god et cagot.

Rabelais donne à cagot une origine moins honnête. C’est, suivant lui, la première personne de l’indicatif présent du verbe italien cagare, qu’il est difficile de traduire en français par le mot propre ; et dans son Ile sonnante, il nous montre les cagots comme atteints de la maladie des harpies.

D’autres prétendent que cagot vient de cagoule. Mais il est positif que cagoule est beaucoup moins ancien que cagot. Cagoule ne date que du seizième siècle, et il a été introduit par corruption de cogule (cuculla), espèce de capuce ou capuchon.

Il est probable que cagot s’est formé par contraction de caas-goths, chiens goths, dénomination injurieuse déjà usitée en 507 pour désigner les Goths, à cause de leur attachement à l’arianisme, objet de scandale et de haine pour nos catholiques ancêtres qui traitèrent ces malheureux, réfugiés dans les Pyrénées, comme les Indiens traitent les parias et les poulichis.

Disons un mot de cette espèce de Cagots dont les pères avaient renversé et fondé plusieurs empires. Cette race, vouée à la persécution des Francs qui la vainquirent à la bataille de Vouillé, fut obligée de se cacher dans les plus secrets réduits des montagnes pour conserver ses habitudes religieuses. Elle y contracta des maladies héréditaires qui la réduisirent à un état pareil à celui des crétins. Lorsque, dans la suite, elle abjura l’arianisme et se réunit à la communion romaine, il lui fut impossible de se régénérer. Les Cagots furent alors regardés comme ladres et infects. On leur défendit sous les peines les plus sévères d’habiter dans les villes et les villages, et d’être chaussés et habillés autrement que de rouge. Ils ne pouvaient entrer que par une