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d’aliment lorsque, l’estomac étant plein de crudités, il faut dégager la nature, et lui donner loisir de les cuire, sans la surcharger de nouvelles viandes. »

On trouve dans Rabelais (liv. v, ch. 5) : Qui dort, il boit.

Que le riche dîne deux fois.

Proverbe ancien qu’on lit dans le festin de Trimalcion en ces termes : Tu beatior es ? bis prande, bis cœna ; si tu es plus riche que moi, dîne et soupe deux fois. — C’est une espèce de défi donné au riche par le pauvre dont le pain grossier a pour assaisonnement un appétit vigoureux, tandis que tout le luxe des festins les plus raffinés ne peut suppléer à cet attrait que le riche ne connaît pas. On sait le mot de ce financier accosté, comme il rentrait chez lui, à l’heure du dîner, par un malheureux qui demandait l’aumône en s’écriant : J’ai faim. — Que ce coquin dit-il, est heureux ! il a faim !

dire.Bien dire fait rire, bien faire fait taire.

Ce proverbe s’applique aux personnes qui démentent et décréditent par leur conduite la morale qu’elles prêchent dans leurs discours, et qui font rire d’elles par leurs beaux préceptes, parce qu’elles ne se font pas applaudir par leurs bonnes actions.

Tout est dit.

Nullum est jam dictum, quod non dictum sit prius. (Térence.)

Cet adage, qu’une critique décourageante veut ériger en dogme littéraire, n’est pas absolument vrai. Tout est pensé peut-être, mais tout n’est pas dit ; et s’il n’y a point d’idées tout à fait nouvelles, il peut y avoir des expressions neuves, car la combinaison des mots est infinie, et c’est un art créateur que celui de les placer, de les assortir, de les embellir l’un par l’autre, en leur ménageant des reflets étrangers, et en leur faisant trouver dans ces échanges réciproques des couleurs toujours variées. Il en est du langage comme de la lumière qui, sans changer dans son essence, prend mille teintes différentes, suivant les combinaisons d’un habile opticien.