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FAI

per sur la quantité ou sur la qualité. Une phrase de la vieille farce intitulée : La querelle de Gaultier Garguille et de Périne sa femme, ne laisse aucun doute sur ce sujet. « Tu me renvoies de Caïphe à Pilate ; tu me contes des fagots pour des cotterets. » Conter est mis ici pour compter ; la différence que l’œil remarque entre ces deux homonymes ne fait rien à la chose ; dérivés l’un et l’autre, suivant Nicot, du verbe latin computare, ils étaient autrefois confondus sous le rapport de l’orthographe. Les livres imprimés avant la fin du dix-septième siècle en offrent des preuves multipliées. Le docte M. de Walckenaer cite une édition de Boileau où l’on trouve :

Parmi les Pelletiers on conte les Corneilles.

Il ajoute que dans la rédaction officielle de l’Entrée du roi et de la reine, le 26 août 1660, on lit en gros caractères : Chambre des Contes.

J’indiquerai, à mon tour, une pièce de Ronsard où conter pour compter revient à chaque couplet :

Si tu peux me conter les fleurs
Du printemps, etc.

Un fait que je garantis, c’est que conter, dans le sens de calculer, énumérer, a été employé plus souvent que compter par les auteurs du seizième siècle et du dix-septième siècle.

Madame de Forgeville demandait un jour à d’Alembert : Quel bien avaient fait à l’humanité les encyclopédistes. — Quel bien ? répondit le philosophe ; ils ont abattu la forêt des préjugés qui la séparait du chemin de la vérité. — En ce cas, répliqua-t-elle en riant, je ne suis plus surprise s’ils nous ont débité tant de fagots.

faillir. — On apprend en faillant.

C’est-à-dire en se trompant. Les erreurs que l’on commet tournent par la suite au profit de l’instruction. L’esprit humain est comme ce géant de la fable qui se relevait plus fort de ses chutes. — Les Espagnols ont ce beau proverbe : Quien estropieça, si no cae, el camino adelanta.

Qui bronche sans tomber accélère ses pas.