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FOU

caractérise les flegmatiques, le hé hé hé les bilieux, le hi hi hi les mélancoliques, le ho ho ho les sanguins. Il ne fait pas mention expressément du rire des fous ; mais ce rire est facile à reconnaître, malgré ses innombrables variétés. C’est celui qui naît tout à coup sans sujet, c’est-à-dire sans sujet apparent, car il est toujours produit par quelque hallucination. Salomon le compare au bruit que font les épines en brûlant sous la marmite, Sicut vox spinarum sub ollâ, ita risus stultorum. (Ecclés., c. vii, v 7.) Les épines pétillent beaucoup, se consument promptement, donnent peu de chaleur et ne font pas bouillir la marmite. Il en est de même de la joie des fous : elle éclate d’une manière bruyante, n’a pas de consistance, ne dure qu’un moment et n’amène pas de bon résultat.

Plus fou que ceux de Béziers.

Le troubadour Giraud de Borneil dit qu’un baiser qu’il a reçu de sa dame l’a rendu plus fou que ceux de Béziers. C’est encore un espèce de proverbe injurieux que Dans chaque maison de Béziers il y a la chambre d’un fou ; et les habitants de cette ville paraissent reconnaître la notoriété du fait, lorsqu’ils disent en parlant d’eux-mêmes : Nous avons tous de l’esprit, mais ils sont fous.

Il y a aussi un dicton qui reproche aux habitants de Béziers d’être capables de pousser la folie jusqu’au déicide. Lorsqu’on cite le vers proverbial auquel a donné lieu la beauté de leur pays,

Si Deus in terris, vellet habitare Bliteris,
Si Dieu descendait sur la terre, il viendrait habiter Béziers,

On ne manque guère d’ajouter, ut iterum crucifigeretur, pour être crucifié de nouveau.

Plus on est des fous, plus on rit.

Un fou rit beaucoup, témoin l’expression proverbiale Rire comme un fou, et plusieurs fous réunis rient encore davantage, car ils s’excitent l’un l’autre à la joie.

Fou qui se tait passe pour sage.

Stultus quoque si tacuerit sapiens reputabitur, et si compresserit