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exemple, d’une buse un épervier, ce qui serait un grand miracle, il ne pourrait faire également que cet épervier n’eût pas été une buse. — Bien des gens allèguent ce proverbe pour se dispenser d’accomplir des devoirs ; mais leur mauvaise volonté est la cause de ce qu’ils attribuent à une impossibilité prétendue. Nolle in causâ est, non posse prœtenditur. (Senec. Épist. 116.)

Les Basques disent : Ésina ascar-ago da es sina. L’impossible a plus de force que le serment.

incendie. — Il ne faut qu’une étincelle pour allumer un grand incendie.

Ce proverbe est vrai au figuré comme au propre, et il n’importe pas moins de prendre garde à l’étincelle qui peut mettre le feu à la cervelle d’un homme, qu’à l’étincelle qui peut mettre le feu à sa maison.

ingrat. — Obliger un ingrat, c’est perdre le bienfait.

Cela est vrai des bienfaits qui partent d’un espoir intéressé, mais non de ceux qui partent d’un sentiment généreux, Dans ce dernier cas, un bienfait ne peut être perdu, puisque la bienfaisance porte sa récompense avec elle ; et en supposant même qu’il puisse l’être, ne vaut-il pas mieux que ce soit dans les mains de l’ingrat que dans celles du bienfaiteur ?

Obliger un ingrat, c’est acheter la haine.

On ne peut guère être indifférent envers un bienfaiteur, et si l’on n’est point reconnaissant on est ingrat. La reconnaissance produit l’amour, et l’ingratitude la haine ; par conséquent les bienfaits sont comme des arrhes de l’une ou de l’autre de ces affections. Pourquoi la première est-elle si rare et la seconde si commune ? Serait-ce parce que la bienfaisance est presque toujours exercée sans délicatesse et que l’obligé se trouve placé à l’égard du bienfaiteur comme un débiteur à l’égard d’un créancier ? Ou bien faut-il en chercher la raison dans cet orgueil secret qui révolte le cœur de l’homme contre toute supériorité ? — Quelqu’un a dit spirituellement à ce sujet : Dieu a commandé le pardon des injures, et non pas celui des bienfaits.