Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/486

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
466
INN

Donner les innocents.

La fête des innocents se célébrait autrefois d’une façon singulière. On tâchait de surprendre le matin, au lit, les jeunes personnes et de leur donner le fouet par forme de jeu. Cette indécente parodie du martyre qu’Hérode fit subir aux enfants de Bethléem et des environs, était désignée par l’expression donner les innocents, ou par le verbe innocenter dont Marot s’est servi dans l’épigramme suivante, qui indique jusqu’où pouvait aller l’abus de la chose ;

Très chère sœur, si je savois où couche
Votre personne, au jour des innocents,
De bon matin j’irois à votre couche
Veoir ce gent corps que j’aime entre cinq cents.
A donc ma main (veu l’ardeur que je sens)
Ne se pourroit bonnement contenter
De vous toucher, tenir, taster, tenter :
Et si quelqu’un survenoit d’aventure,
Semblant ferois de vous innocenter.
Seroit-ce pas honneste couverture ?

Aux innocents les mains pleines.

On dirait qu’il y a une providence qui protège les innocents et les imbéciles, les fait réussir dans leurs entreprises et ne les laisse manquer de rien. (Voyez le proverbe, Les sots sont heureux.)

innover. — Il est dangereux d’innover.

Cette maxime est bonne ou mauvaise suivant les circonstances. Mais remarquons qu’en général les peuples l’adoptent lorsqu’il faut la rejeter, et qu’ils la rejettent lorsqu’il faut l’adopter. C’est parce qu’ils paraissent souvent ne changer que par inquiétude, éprouvent des révolutions qu’ils n’ont ni méditées, ni prévues, et se conduisent comme au hasard.

Ce mauvais résultat de l’innovation a donné lieu à cette autre maxime : Non innovetur etiam in melius. Qu’on n’innove pas même en mieux. — Richard Hooker, théologien anglais, surnommé le Judicieux, qui a écrit sur les lois de la discipline ecclésiastique, dit que le changement du pis au mieux n’est