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LOU

Il est bien vrai qu’il fut très usité en ce temps, mais on peut croire qu’il existait antérieurement, et qu’il avait été fait pour les Lorrains en général, puisque d’autres dictons fort anciens leur reprochent de semblables défauts.

louer. — Il ne faut pas louer un homme avant sa mort.

Parce qu’un homme, tant qu’il vit, est sujet à démentir les éloges dont il peut avoir été l’objet. — Ce proverbe est pris du passage suivant de l’Ecclésiastique (ch. xi, ℣ 30) : Ante mortem ne laudes hominem quemquam, quoniam in filiis suis agnoscitur vir. Ne louez aucun homme avant sa mort, car on connaît un homme par les enfants qu’il laisse après lui.

Le havamal des Scandinaves dit : Louez la beauté du jour quand il est fini.

Vauvenargues pense que le proverbe Il ne faut pas louer un homme avant sa mort, a été inventé par l’envie et a été adopté trop légèrement par les philosophes. Au contraire, dit-il, c’est pendant leur vie que les hommes doivent être loués, lorsqu’ils ont mérité de l’être : c’est pendant que la jalousie et la calomnie, animées contre leur vertu ou leurs talents, s’efforcent de les dégrader, qu’il faut oser leur rendre témoignage. Ce sont les critiques injustes qu’il faut craindre de hasarder, et non les louanges sincères.

Socrate voulait qu’on donnât des louanges aux hommes de bien, comme de l’encens aux dieux.

Qui se loue s’emboue.

Laus propria sordet. La propre louange pue.

Ce proverbe est du moyen-âge. Les anciens ne connaissaient pas la modestie, dans le sens que nous attachons à ce mot. Ils pensaient que chacun avait droit de se louer soi-même, personne ne pouvant mieux savoir que lui comment il voulait être loué, et que la voix qu’il se donnait était une voix de plus, et une voix qui comptait. Les hommes les plus célèbres de Rome se conformaient volontiers à ce principe. Cicéron mandait à Atticus : « Vous avez reçu l’histoire de mon consulat que j’ai écrite en grec ; quand j’aurai achevé la même histoire en latin, je