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MUS

furieux près d’écraser son maître sous ses pieds. J’ai vu un de ces tableaux singuliers dans la chapelle de Sainte-Anne de la cathédrale d’Apt. — Cela prouve suffisamment sans doute que l’obstination du mulet méritait de passer en proverbe ; mais cela prouve aussi que l’obstination du muletier le méritait peut-être davantage.

Le duc de Vendôme disait plaisamment que, dans les marches des armées, il avait souvent examiné les querelles entre les mulets et les muletiers, et qu’à la honte de l’humanité, la raison était presque toujours du côté des mulets.

mulot. — Endormir le mulot.

Amuser un homme pour le surprendre, pour le tromper.

Cette façon de parler est une allusion à ce qui se pratiquait autrefois en plusieurs endroits, où, pour détruire les loirs et les mulots, on fesait brûler, sur la place qu’ils occupaient, certaines essences mêlées de fleur de soufre, dont la vapeur les étourdissait et les empêchait de se soustraire à l’atteinte de l’assommoir.

En 1767, les mulots dévorèrent une partie des semences. Le sieur Gosselin, laboureur, de Puzeaux en Picardie, imagina des soufflets propres à les faire périr par la vapeur du soufre, et le Gouvernement fit distribuer ces soufflets dans les provinces.

mur. — Les murs ont des oreilles.

On doit craindre d’être écouté quand on parle d’affaires qu’il est important de tenir secrètes.

À ce proverbe correspond celui des Latins : Staterii paries, le mur de Statérius. Ce Statérius fut puni de mort pour avoir tenu des propos coupables qui tendaient à la subversion de l’État, et qui avaient été entendus de quelques personnes cachées derrière une mince cloison.

muser. — Qui refuse muse.

La meilleure explication de ce proverbe se trouve dans ce vers de Molière :

Refuser ce qu’on donne est bon à faire aux fous.