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OLI

romain de la famille Anitienne, qui avait épousé Placidie, fille de Valentinien III, et qui fut placé sur le trône d’Occident, en 472, par Ricimer, chef des Suèves, lorsque ce barbare, habitué à donner et à reprendre la couronne selon son caprice, eut fait massacrer l’empereur Anthème, son beau-père, dans la ville de Rome livrée au pillage. Comme Olibrius ne fut qu’un fantôme de prince, et ne se fit remarquer que par son incapacité et par sa sottise, pendant les sept mois que dura son règne, son nom devint, dit-on, un titre de mépris donné aux hommes qui font les entendus et les glorieux. Mais ce nom se prend dans une autre acception que ne justifie point l’histoire de l’empereur qui le porta. Il s’applique assez souvent à quelqu’un qui fait le méchant, le furieux, comme on le voit dans les exemples suivants :

« Mon mary, passez votre colère ; et, au lieu de faire ainsi l’Olybrius, remerciez messire Itace. » (Contes de Despériers, tom. i, pag. 98, édit. d’Amsterdam, 1735.)

Mettons flamberge au vent et bravoure en campagne ;
Faisons l’Olibrius, l’occiseur d’innocents.

(Molière, l’Étourdi, act. III, sc. 5.)

D’après cela, on est fondé à croire que l’expression proverbiale fait allusion à un autre Olibrius plus ancien, qui fut gouverneur dans les Gaules pour l’empereur Dèce. Cet Olibrius poursuivit les chrétiens avec le plus grand acharnement pendant la septième persécution. Il fit décapiter sainte Reine, vierge-martyre, à Alixia (Alise, en Bourgogne), pour la punir du double refus qu’elle avait fait de l’épouser et de renoncer au christianisme.

Cyrano de Bergerac a dit faire l’Olibrius et le Vespasien, dans plusieurs endroits de ses ouvrages, notamment dans le Pédant joué (art. ii, sc. 2).

Je ne sais à quel titre Vespasien peut avoir mérité cette flétrissure proverbiale, si ce n’est pour avoir fait mourir Éponine et Sabinus.