Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
AME

Cette façon de parler fait allusion à l’esprit familier, démon ou ame damnée, que tout sorcier est supposé avoir à ses ordres.

amende. — Les battus paient l’amende.

Lorsqu’il s’élevait quelque différend chez nos aïeux, et que rien n’indiquait de quel côté la balance de la justice devait pencher, leur législation autorisait le juge à remettre la décision de l’affaire au sort des armes. Il prononçait qu’il échéait gage de bataille, et les deux parties, après avoir entendu la messe célébrée pour la circonstance, missa pro duello, allaient plaider leur cause en champ clos, sous les yeux des magistrats. Les nobles combattaient à cheval, armés de pied en cap, les vilains à pied, tenant un bâton d’une main et un bouclier de l’autre. La victoire était la preuve du droit, comme le combat en était la discussion, parce que l’on croyait que Dieu pris pour juge fesait toujours triompher celui qui avait raison. Lorsque la contestation avait lieu en matière criminelle, le vaincu, s’il ne succombait pas sous les coups de son adversaire, était livré au bourreau ; lorsqu’elle avait lieu en matière civile, il n’était pas mis à mort, il était seulement obligé de faire satisfaction au vainqueur, et de payer une amende plus ou moins forte. De là le proverbe : Les battus paient l’amende.

On dit aussi : C’est la coutume de Lorris, les battus paient l’amende. Ce qui est venu de ce que, autrefois, à Lorris, en Orléanais, tout créancier qui réclamait une somme, sans pouvoir fournir la preuve de sa créance, avait droit de contraindre son débiteur à un duel judiciaire à coups de poings, dans lequel le vaincu avait toujours tort, et de plus était amendé au profit du seigneur du lieu.

Cette coutume, fondée, dit-on, sur un titre octroyé par Philippe-le-Bel à la châtellenie de Lorris, était suivie dans plusieurs autres endroits ; elle paraît avoir existé également à Paris, dans le quartier nommé l’Apport ou la porte Baudoyer, comme le prouvent des lettres de rémission de 1374, où se trouve cette phrase : « Ce serait grief que le blessé fisse les frais de l’écot pour la réconciliation, et le droit de la porte Baudoyer, qui est battu, si l’amende. »