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leux, est venu d’une ancienne historiette que M. A. V. Arnault raconte ainsi : Il y avait, dans une chapelle de village aux environs de Bruxelles, un saint Jean fait en bois, auquel les paysans portaient une grande dévotion. Ils y venaient en pèlerinage de dix lieues à la ronde. Le tronc qui lui servait de piédestal, quoique vidé souvent, se remplissait toujours. Cette statue vermoulue étant tombée, le curé, qui l’avait fait restaurer plusieurs fois, prit le parti de la remplacer par une statue nouvelle, à la confection de laquelle il sacrifia son plus beau poirier. Maluit esse Deum. Le nouveau saint, peint et repeint, est remis à la place du vieux. En rajeunissant l’effigie, le curé crut raviver la piété des fidèles. Il en fut tout autrement : plus de pèlerinages. Les habitants du lieu même semblaient avoir oublié la route de la chapelle de saint Jean. Le pasteur, ne pouvant concevoir la cause de ce refroidissement, y rêvait, quand il rencontra un vacher qui, très dévot au vieux saint, n’était pas moins indifférent que les autres pour le nouveau. — Est-ce que tu n’as plus de dévotion à saint Jean ? lui dit-il. — Si, monsieur le curé. — Pourquoi donc ne te revoit-on plus à la chapelle ? — C’est qu’il n’y a plus là de saint Jean, monsieur le curé. — Comment ? il n’y a plus de saint Jean ! Ne sais-tu pas qu’il y en a là un tout neuf ? — Si fait, monsieur le curé ; mais celui-là n’est pas le vrai comme l’autre. — Et pourquoi ça ? — C’est que je l’avons vu poirier.

poisson. — Les gros poissons mangent les petits.

Les puissants oppriment les faibles. — Ce proverbe, commun à presque toutes les langues modernes, tant la vérité qu’il exprime est généralement reconnue, était très usité parmi les Grecs et les Latins, qui disaient encore : Vivre en poisson, pour signifier n’avoir d’autre loi que celle du plus fort ; mais, il n’avait pas pris naissance chez ces peuples ; il est probable qu’il leur était venu des Indiens, car il se trouve dans l’Histoire du poisson, épisode du Mahabharata, poëme épique sanscrit qui doit compter trente-huit siècles d’existence d’après les calculs du savant Wilkins, et qui n’en peut compter moins de trente d’après l’opinion la plus circonspecte.