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AMI

il écrivit au roi d’Angleterre, Henri viii, qui lui conseillait de se séparer de l’église romaine comme il venait de le faire : Je suis votre ami, mais jusqu’aux autels.

On ne peut dire ami celui avec qui on n’a pas mangé quelques minots de sel.

Aristote et Plutarque se sont servis de ce proverbe, dont le sens est que l’amitié ne peut se former subitement, et qu’elle a besoin d’être confirmée par le temps. « Semblable aux vins généreux dont les années augmentent le prix, dit Cicéron, plus elle est vieille, plus elle est parfaite ; et c’est avec raison qu’on pense qu’il faut manger ensemble plusieurs boisseaux de sel pour la consommer. »

L’amitié est aussi comparée au vin dans l’Ecclésiastique (ch. 9, v. 15) : Vinum novum amicus novus : vetarescet et cum suavitate bibes illud. Le nouvel ami est comme un vin nouveau : il vieillira, et alors tu le boiras avec plaisir.

Amicitia pactum salis, amitié, pacte de sel, est un proverbe du moyen âge pour exprimer que l’amitié doit s’établir lentement et être toujours durable. Les mots pactum salis sont employés dans les livres saints, où ils signifient une alliance inviolable, par allusion à la nature du sel qui empêche la corruption. Num ignoratis quod Dominus Deus Israël dederit regnum David super Israël in sempiternum ipsi et filiis ejus in pactum salis. Il était recommandé dans le Lévitique d’offrir du sel dans tous les sacrifices, In omnii oblatione tuâ offeres sal (lib. ii, cap. 13). Homère a donné au sel l’épithète de divin ; Pythagore le regardait comme le symbole de la justice, et il voulait que la table en fût toujours pourvue. Vatable croit que les Francs admettaient le sel dans leurs pactes, pour montrer qu’ils dureraient toujours ; et quelques auteurs ont pensé que le nom de loi salique a pu dériver de cet usage.

Il vaut mieux perdre un bon mot qu’un ami.

Ce proverbe doit être fort ancien. Quintilien a dit, dans ses Institutions oratoires, I. vi, ch. 3 : Lædere numquam velimus, longe que absit propositum illud : potius amicum quam dictum perdidit.