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SAI

safran. — Être réduit au safran.

Cette expression, très usitée autrefois pour marquer l’insolvabilité d’un débiteur, est fondée sur l’usage où l’on était de peindre en jaune le devant de la maison d’un banqueroutier, et même d’une personne convaincue de félonie. Sauval rapporte, dans ses Antiquités de Paris, que les portes et les fenêtres de l’hôtel du connétable de Bourbon, qui avait pris les armes contre son roi, furent barbouillées de jaune par la main du bourreau.

saignée. — Selon le bras la saignée.

C’est-à-dire il faut proportionner la dépense au revenu ; il ne faut pas taxer un homme au delà de ses facultés. — Ce proverbe, très ancien, dut peut-être son introduction à l’abus qu’on fit de la saignée, en France, depuis les premiers temps de la monarchie jusqu’au xvie siècle. On la regardait comme un excellent préservatif ou un excellent remède contre la plupart des maladies, ainsi qu’on le voit dans l’Almanach astral des saignées, et dans un petit livre intitulé : Petit traité pour faire des saignées sur tout le corps humain, etc. « On saignait à toutes les veines, dit M. A. A. Monteil, d’après cet ouvrage, aux veines des cuisses pour le mal d’oreilles, à la cheville pour le mal de dents, entre le pouce et l’index pour alléger le mal de tête et pour la rogne, au doigt auriculaire pour la fièvre quarte, au bout du nez pour nettoyer la peau de celui qui craignait la lèpre. On saignait pour dégager le cerveau et donner de la mémoire, pour purifier le cerveau et donner de l’esprit. » C’était surtout dans les couvents, soit d’hommes, soit de femmes, qu’on jugeait la saignée salutaire. On l’y employait avec si peu de modération, que le concile d’Aix-la-Chapelle, tenu en 817, crut devoir prescrire de n’en user qu’au seul cas où la santé l’exigerait. Cependant cette décision n’arrêta pas longtemps le mal. La saignée fut remise en vigueur comme moyen nécessaire pour réprimer l’aiguillon de la chair. On établit en règle qu’elle serait pratiquée un jour de chaque mois, qu’on désigna, dans les calendriers des bréviaires monastiques, sous la dénomination de dies æger, jour