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APO

de la fameuse ballade de Villon sur les dames du temps jadis, dont voici quelques vers :

. . . . . . . . Où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté dans un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?
La reine, blanche comme un lys,
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Biétris, Alys,
Harembouges qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglais brûlèrent à Rouen,
Où sont-ils, vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?

antife. — Battre l’antife.

Antife est un terme d’argot employé par les gueux et les filous pour désigner une église, lieu qu’ils fréquentent de préférence, parce qu’ils y trouvent les chances les plus favorables au succès de leur industrie, au milieu de la foule qui s’y rend. C’est dans ce sens que l’auteur du poëme de Cartouche s’est servi de ce mot, qui paraît être le même qu’antive, féminin d’antif (antique), vieux adjectif tombé en désuétude. Ainsi, l’expression populaire battre l’antife, qui correspond figurément à battre le pavé des rues, ou, comme on dit encore, battre l’estrade, signifie, au propre, battre le pavé des églises, acception qui n’est pas usitée.

apothicaire. — Apothicaire sans sucre.

Le sucre, cette précieuse denrée que le vieux poëte Eustache Deschamps appelait l’auxiliaire de la civilisation, fit son entrée dans le monde, au commencement du xive siècle, par l’officine des apothicaires qui lui attribuaient toute sorte de vertus curatives et l’employaient dans tous les remèdes : de là cette expression, Apothicaire sans sucre, par laquelle on désigne tout marchand mal assorti et toute personne qui manque de quelque chose d’essentiel à sa profession.

On trouve dans de vieux auteurs, Apothicaire sans caffetin.