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ARG

Pain dérobé réveille l’appétit.

Pain dérobé que l’on mange en cachette,
Vaut mieux que pain qu’on cuit ou qu’on achète.

(La Font.)

On lit dans les Proverbes de Salomon (ch. 9, v. 17) : Aquæ furtivæ dulciores sunt, et panis absconditus suavior. Les eaux dérobées sont plus douces, et le pain pris en cachette est plus agréable. C’est de là qu’a été tiré notre proverbe, qui signifie que nous trouvons une certaine douceur dans les choses qui nous sont défendues, que l’objet de nos désirs nous plaît d’autant mieux qu’il est moins permis. — Les Latins disaient : Dulce pomum quum abest custos. Le fruit est doux en l’absence du gardien.

Nitimur in vetitum semper cupimusque negata.

(Ovid, lib. iii, éleg. 4.)

Nous nous raidissons toujours contre ce qui nous est défendu, et nous désirons ce qu’on nous refuse.


Tel est le cœur humain, surtout celui des femmes :
Un ascendant mutin fait naître dans nos ames,
Pour ce qu’on nous permet un dégoût triomphant,
Et le goût le plus vif pour ce qu’on nous défend.

(Piron, Métrom.)


arbre. — Quand l’arbre est tombé, tout le monde court aux branches.

Pour dire que tout le monde cherche à retirer quelque avantage de la disgrâce qui atteint un homme élevé en dignité.

On ne jette des pierres qu’à l’arbre chargé de fruits.

Il n’y a que l’homme distingué qui soit en butte aux traits envenimés de la critique : les détracteurs attaquent le mérite et laissent en paix la médiocrité. Un vieux proverbe les assimile aux chiens qui n’aboient qu’après la pleine lune sans se soucier du croissant.

arc. — Débander l’arc ne guérit pas la plaie.

Il ne suffit pas, pour réparer ou pour guérir le mal qu’on a fait, de renoncer au moyen d’en faire.

Lorsque le roi René perdit Isabelle de Lorraine, sa première épouse, qu’il aimait beaucoup, il prit pour devise un arc dont la corde était rompue, avec ces mots italiens : Arco per tentare,