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sieurs sont préparés à voir les plus grands malheurs qui puissent arriver à leur pays[1].

Il n’est donc pas étonnant qu’avec ces idées de chaque chose dans leur constitution ou leur gouvernement intérieur, soit dans l’Église ou dans l’État, comme une chose illégitime et usurpée, ou au moins comme une vaine moquerie, ils portent leurs regards dans l’étranger avec l’enthousiasme et toute l’ardeur de la passion. Tandis que leurs esprits sont ainsi préoccupés, c’est en vain qu’on leur parle de ce qui a été pratiqué par leurs ancêtres, des lois fondamentales de leur pays, des formes établies de la Constitution, dont les avantages sont confirmés par le témoignage irrévocable d’une longue expérience, par le progrès de la force publique et de la prospérité nationale. Ils méprisent l’expérience, comme étant la sagesse des ignorans ; et, quant au reste, ils ont préparé sous terre une mine dont l’explosion fera sauter à la fois tous les exemples de l’antiquité, les usages, les chartes et les actes du Parlement. Ils ont les droits de l’homme. Contre de tels droits, il n’y a pas de prescription ; les adhésions ne sont pas des engagemens ; ils n’admettent ni tempérament, ni modification : tout ce qui est contraire à ce qu’ils renferment, n’est que fraude et injustice. Qu’aucun gouvernement ne regarde comme un point de sécurité la longueur de sa durée, ni la douceur et la justice de son administra-

  1. « Qu’importe la mort de six mille hommes, disait Robespierre, quand il s’agit de sauver un principe. »
    (Note de l’Éditeur.)