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était de prouver que les argumens dont Bolingbroke s’était servi pour attaquer la religion, pouvaient également être employés contre toutes les institutions civiles et politiques. Néanmoins, Burke était entré si sérieusement, et avec tant de force, dans le détail des maux qui tiennent a la tyrannie ou à l’ambition des gouvernemens en général, que l’ironie échappait aux yeux vulgaires, et plusieurs fois on a réimprimé son livre, comme ayant pour objet unique de contribuer a la réforme radicale de l’ordre social. Il publia, en 1757, son Essai sur le sublime et le beau. Cette seconde production fixa sur lui l’attention de plusieurs personnages célèbres, tels que Reynolds. Sa liaison avec ce dernier, qui n’eut d’autre terme que celui de leur existence, fut également utile a la réputation du peintre et à la fortune de l’écrivain. Johnson avait aussi pour Burke beaucoup d’attachement et d’admiration, et il disait : « Que c’était l’homme le plus extraordinaire qu’il eût jamais connu. » En 1758, Burke conçut le plan du recueil intitulé : Annual Register, et se chargea d’en écrire la partie historique, qu’il continua avec succès pendant plusieurs années. C’est ainsi qu’il se formait successivement comme orateur et comme homme d’état. On peut dire que sa carrière publique commença en 1761, lorsqu’il partit pour l’Irlande avec son ami Hamilton, secrétaire du vice roi, lord Halifax. À son retour, en 1765, il fut présenté au marquis de Rockingham, premier lord de la Trésorerie, qui le prit pour secrétaire particulier. Vers le même temps, il fut élu représentant du bourg de Wendover. Le lord que nous venons de nommer lui fit alors, sous la forme délicate d’un simple prêt, le don d’une somme considérable, avec la-