Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/47

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le gouvernement, avec la force publique, avec la discipline et l’obéissance militaire, avec l’exactitude et la distribution des paiemens effectifs, avec la morale et la religion, avec la sûreté des propriétés, avec la paix et l’ordre, avec les mœurs publiques et privées. Toutes ces choses, dans leur espèce, sont bonnes aussi ; et sans elles, la liberté n’est pas un bienfait tandis qu’elle dure ; et sans elle, elles ne peut pas durer long-temps. L’effet de la liberté pour les individus, consiste en ce qu’ils fassent tout ce qui leur plaît ; nous devrions voir ce qu’il leur plaît de faire, avant de hasarder des félicitations, au risque d’être obligés de les changer ensuite en complimens de condoléance. C’est ainsi que la prudence nous prescrirait d’agir à l’égard des hommes considérés comme individus séparés. Mais quand les hommes agissent en corps, la liberté est une puissance. Des gens prudens ne se déclareront pas, avant qu’ils n’aient observé l’usage que l’on fera de cette puissance, et particulièrement d’une chose aussi sujette à l’épreuve qu’un nouveau pouvoir dans de nouvelles personnes, dont les principes, les caractères et les dispositions ne sont que peu ou point connus, et dans les circonstances où ceux qui paraissent se donner le plus de mouvement, n’en sont peut-être pas les vrais moteurs.

La Société de la Révolution est cependant au-dessus de toutes ces considérations. Tandis que j’étais à la campagne, d’où j’ai l’honneur de vous écrire, je n’avais qu’une idée imparfaite de ses manœuvres. En arrivant à la ville, je me suis procuré un recueil de ses doctrines, publié par son ordre, et renfermant un