Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/74

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sur une terrasse d’où l’on découvre une vue admirable sur la Conque d’Or, sur Palerme, sur la mer. C’est à l’heure où nous sommes, heure de paix déjà presque crépusculaire, de lumière affaiblie et de parfums lointains, qu’il faut venir s’accouder sur l’antique rampe de pierre, au-dessus de ces jardins étagés, de cette plaine harmonieuse et odorante, de cette mer limpide et bleue qui se perd dans un horizon de paradis…




Comme la mer est calme ! Palerme décroît derrière nous dans la nuit qu’elle illumine de ses feux scintillants. Je pense au long faubourg, à la montée vers Monreale, à sa cathédrale, à son cloître étroit, à sa terrasse fleurie et crépusculaire. Le yacht a levé l’ancre après le dîner. De l’avant, je regardais la manœuvre. La longue chaîne s’enroulait au cabestan à vapeur et rentrait peu à peu dans les écubiers. L’ancre est apparue, énorme, ruisselante, couverte d’algues suspendues. Nous voguons maintenant sur des flots aux ondulations insensibles et cependant nous allons vers Charybde et Scylla !