Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/118

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les naines de pierre gambadaient malicieusement sous l’averse qui cinglait leurs dos bossus.


28 février. — En allant voir Antoine aujourd’hui, quel n’est pas mon étonnement de me croiser, dans la cour de l’hôtel du quai Malaquais, avec Gernon, oui, Gernon, en cache-nez de fourrure et en chapeau de paille, que le vieux Luc, le portier, saluait respectueusement comme un habitué de la maison. J’ai eu bientôt l’explication de cette rencontre par Mme  Bruvannes elle-même. Elle voit assez souvent Gernon, qu’elle a connu chez ses vieux amis les Subagny, et pour qui elle avait depuis longtemps la plus vive admiration. M. Subagny est un des promoteurs de l’avatar mondain de Gernon. C’est lui qui l’a déterminé à fréquenter certains salons et à sortir de la retraite dans laquelle il a longtemps vécu. Gernon a suivi les conseils de M. Subagny. Par exemple, M. Subagny n’a pas pu le décider à abandonner son chapeau de paille et sa fourrure. Gernon s’y est refusé obstinément. Peut-être a-t-il raison ? Le monde aime les originaux, et un peu de ridicule rend plus piquant le mérite. Mme  Bruvannes, elle-même, admirerait moins Gernon s’il avait les mains complètement propres.


3 mars. — Je suis, depuis une semaine, chez