Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous. Mais la duchesse ne sort guère que pour aller à l’église, Mme Grinderel est la myopie même et Mme de Glockenstein me pardonnerait aisément. Ce qu’elle ne me pardonnerait pas, au contraire, ce serait de penser qu’il n’y a rien entre M. Delbray et moi. Quant à Madeleine de Jersainville, ma conduite lui paraîtrait le comble de la loufoquerie. Ne pas être la maîtresse d’un homme avec qui l’on sort trois ou quatre fois par semaine, qui est relativement jeune, qui ne vous déplaît en aucune façon, cela lui semblerait un défi au bon sens et la dernière des aberrations. Je l’ai, d’ailleurs, assez peu vue, ces temps-ci, mon amie Madeleine. Elle a sûrement une passion en tête. Ah ! si seulement elle pouvait avoir une liaison durable, que Dieu donc serait à louer ! Cela la garderait de ces changements continuels où elle se déconsidère par trop. Votre amie :

Laure de Lérins.


M. Jérôme Cartier, Burlingame.
San Francisco (États-Unis).

4, rue Gaston-de-Saint-Paul.

Paris, le 2 mai.

Mon cher Jérôme,

J’ai enfin quitté mon absurde hôtel Manfred et dit adieu à la rue Lord-Byron, et me voici installée chez moi. Par le mot installation, n’imaginez rien qui ressemble au si parfait confortable de votre cottage de Burlingame. Je n’ai pas du tout vos facultés d’organisation