Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/122

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seigneur Alvenigo servait de truchement. Grand amateur de théâtre, il possédait une ample collection de toutes sortes d’ouvrages et ce fut à la lecture et à l’étude des principaux que nous consacrâmes les premiers temps de mon séjour à la Rotonda. Cet exercice dura plusieurs mois, pendant lesquels ma cervelle s’emplit d’actions magnifiques et mon oreille de mots sonores. Chaque jour, nous occupions de longues heures à ces lectures qui m’enflammaient l’esprit et auxquelles le seigneur Alvenigo mêlait les explications nécessaires que j’écoutais avec la plus extrême attention. Mon maître y mettait un feu communicatif et il en était comme transfiguré. J’en oubliais sa tabatière et ses mains crasseuses, tant j’étais possédé, à l’entendre, d’un véritable enivrement. Il s’en formait autour de moi comme une atmosphère glorieuse à laquelle convenait admirablement le noble décor de la Rotonda.