Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/152

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la scène que les sénateurs avaient désertée et où j’eusse été heureux que les licteurs me coupassent la tête, de leur hache, pour mettre fin au supplice lamentable que j’endurais.

Brutale, irrésistible, une bourrasque de rires et de sifflets assaillit mon désarroi. De tous les coins de la salle, ces rires et ces sifflets venaient me flageller et ce qu’il y avait pour moi de plus affreux, c’est que je me rendais compte que la cause en était mon pauvre visage angoissé. Plus ce sentiment entrait en moi, plus l’expression effarée de mes traits devait porter de ridicule. Et ce sentiment achevait de me bouleverser et de m’empêcher de reprendre contenance. Moi qui avais rêvé de présenter à cette foule la figure même de César, je ne lui offrais que le masque grotesque et piteux de ma détresse. Et voici que soudain l’illusion héroïque dans laquelle j’avais vécu se dissipait misérablement et s’effondrait sous les risées.