Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/160

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et le plus simple, sans doute, eût été de me laisser mourir de faim. Un homme de cœur aurait cherché quelque coin solitaire du Monte Berico et là, à l’abri d’un buisson, eût laissé patiemment venir la mort. Mais la catastrophe de mes illusions m’avait enlevé tout courage et tout esprit de décision. Il ne me demeurait donc, pour seule ressource, que la proposition du signore Capagnole. Elle avait l’avantage de favoriser le violent désir que j’éprouvais de m’éloigner le plus vite possible de Vicence et de n’y reparaître jamais.

Le signore Capagnole m’en offrait, sur-le-champ, les moyens. Après la funeste représentation dont je n’ai que trop parlé, car l’affront que j’y reçus est encore cuisant dans mon souvenir, le signore Capagnole m’avait emmené à l’auberge où j’employai la nuit à pleurer et à me lamenter. Le lendemain matin, m’ayant fait donner des habits décents, il me fit part de ses vues. Le soir venu, je ga-