Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/217

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heures à composer mon attitude et à examiner mon visage. Mon grand souci était de marcher au supplice avec dignité et de montrer au public une physionomie où il pût lire distinctement le calme de mes esprits. Pour y parvenir, je me rappelais les rôles les plus tragiques auxquels je m’étais exercé jadis. J’essayais d’en retrouver les expressions en les appropriant à la circonstance, c’est-à-dire en leur donnant moins d’emphase et plus de sereine gravité.

Parfois, il me semblait avoir trouvé dans mes gestes et ma démarche de quoi satisfaire l’exigence que je m’imposais. Mais mon visage n’était pas sans m’inquiéter un peu. Les traits, qui n’en étaient point vilains, avaient toujours eu une tendance à se déformer aisément et les emplois bouffons que j’avais joués, par les grimaces où ils l’obligeaient, avaient contribué à cette fâcheuse disposition. Je m’efforçais d’y remédier en conservant à ma